Dans quelques jours, nous allons vivre la fête de la Pentecôte ; nous ne savons pas encore si nous pourrons la vivre en communauté. Mais si c’est le cas, nous devrons respecter les règles de distanciation sociale indispensables, car nous sommes encore en temps de pandémie, de crise sanitaire. Ainsi pourrons-nous peut-être vivre à nouveau une des libertés publiques essentielles pour la démocratie, la liberté de culte ; celle-ci donne en effet toute sa portée à une autre liberté fondamentale, même si celle-ci est plus évanescente, la liberté de conscience. En outre, cette liberté de culte correspond à la mission d’annonce de l’Évangile confiée par le Christ à son Église.
Peut-être est-il utile de redire l’importance théologique de la fête de la Pentecôte, en lien avec la mort et la résurrection du Christ, et donc avec les fêtes du Vendredi-Saint et de Pâques, d’autant que nous n’avons pas pu les vivre en Église, dans la communion fraternelle. Alors que Vendredi-Saint et Pâques constituent des appels à nous centrer sur l’écoute de l’Évangile du Christ mort et ressuscité pour nous, c’est-à-dire à accueillir cette œuvre du salut et de la grâce de Dieu et à en vivre, la fête de la Pentecôte représente un autre appel, celui qui consiste à nous inviter à croire que nous ne pouvons vivre en bénéficiaires de l’œuvre accomplie par le Christ Jésus, en comptant sur nos propres forces, notre intelligence seule mais qu’au contraire, nous sommes appelés à toujours demander à Dieu son don par excellence, celui de son Esprit, le Saint-Esprit afin que celui-ci vienne agir en notre esprit et notre cœur pour nous faire accéder à la vie nouvelle. Et ceci parce que celle-ci n’est pas la suite de l’ancienne vie que nous vivions avant de devenir chrétiens mais qu’elle est au contraire le renouvellement de la vie d’une manière tellement radicale que le Nouveau Testament en parle en utilisant le terme de création nouvelle et d’homme nouveau (respectivement 2 Corinthiens 5, 17 et Éphésiens 2, 15). Nous sommes ainsi appelés à croire que nous sommes renouvelés de telle manière par le Saint-Esprit que nous pouvons vivre en étant libérés, ne fut-ce que partiellement, des traductions concrètes du péché telles que la violence, la haine, la jalousie, la mesquinerie et la rancune.
Voilà pourquoi la fête de la Pentecôte est essentielle et il serait très bon que nous puissions nous rassembler les uns avec les autres pour la première fois ce dimanche 31 mai !
Pour nous préparer à cette éventuelle célébration commune, je vous propose de relire ces textes du Nouveau Testament : Galates 5, 13 à 25 ; Romains 8, 1 à 11 ; 1 Corinthiens 12, 1 à 3 ; le discours d’adieu de Jésus en Jean 13 à 16 ; Actes 1, 6 à 8). Sans doute aussi le texte de Actes 2, dans sa totalité. Car ils seront pour nous l’occasion de mieux comprendre en quoi consiste l’œuvre particulière du Saint-Esprit qui nous rend capables d’accueillir la vie nouvelle et d’en vivre dès maintenant. Et même si nous ne pourrons pas vivre ensemble cette célébration, rappelons-nous que les services que nous fournissent la télévision et notre serveur Internet nous donnent l’occasion de nous unir par la prière avec tous nos frères et sœurs, en une communion spirituelle, tout aussi importante que la communion fraternelle, plus palpable que rend possible la réunion en un même lieu.
C’est dans la confiance et la conviction que nous tiendrons bon face à cette crise sanitaire, et en vivant une prière d’intercession encore plus vivante que dans les temps ordinaires, que je vous salue bien fraternellement.
Yves Noyer