En ce dimanche 3 mai, nous sommes appelés à réfléchir à cette question, tant qu’il en est encore temps, afin d’être prêts le moment venu, si du moins il arrive, à réagir avec d’autant plus de force qu’il y a eu des précédents dans l’histoire du XXe siècle, même si ceux-ci ne font que surpasser en gravité notre propre situation actuelle. Je vous invite à mener avec moi cette réflexion en raison des études de droit que j’ai suivies, il y a plus de quarante ans, en particulier à partir du cours de Libertés publiques vécu dans les années 1970 -1974.
Parmi les Libertés publiques, il y en a deux qui comptent pour notre confession protestante, d’autant que nos prédécesseurs se sont battus pour elles : la liberté de conscience et la liberté de culte. La première a besoin d’être nourrie pour atteindre une véritable consistance et s’appuie donc sur la deuxième, qui de plus a un énorme avantage qui consiste à être bien plus visible que la première ! Or, il convient de l’observer à l’heure actuelle, la liberté de culte est actuellement mise à mal, avec une autre liberté, celle d’association. Nous ne sommes plus libres de célébrer publiquement le culte ni de nous associer les uns aux autres, du moins dans la dimension publique de cette liberté. Et ceci pour des raisons sanitaires justes et donc dignes d’être respectées.
Mais qu’en sera-t-il après le 11 mai, cette date symbolique choisie par le président de la République ? Cela dépend certes de nous mais seulement partiellement, car, sauf exception, nous ne sommes pas forcément en mesure de porter un masque grand public. De plus, au plan moral, nous n’avons pas à acquérir un masque chirurgical ou son autre forme, l’un et l’autre devant être absolument réservés au personnel médical et para-médical ; nous le leur devons dans la mesure où ils se démènent depuis des semaines afin de nous protéger de ce virus. Laissons donc les masque chirurgicaux aux soignants et faisons en sorte que les masques à destination du grand public soient réellement disponibles pour tous afin que nous puissions de nouveau circuler et rencontrer nos frères et sœurs, dans les lieux de culte chers à chacun.
Il est par contre nécessaire que les hommes et des femmes politiques actuellement au pouvoir rendent, durant le temps le plus favorable, c’est-à-dire le temps opportun, des comptes concernant l’état sanitaire général de notre pays. Certains d’entre eux, si l’on observe seulement leurs prises de paroles, sont tout simplement incompétents et même nuisibles pour la collectivité nationale : dans leurs approximations verbales intempestives : ceux-là ont osé affirmer de manière péremptoire des contre-vérités qui ont ainsi diffusé le doute dans de nombreuses strates de la population à un moment où ce n’était pas vraiment de circonstance… Et si nous transposons ces prises de parole dans le domaine des Libertés publiques, nous pouvons craindre le pire et prêter attention dans les jours et les semaines à venir, tout simplement parce que ces libertés, quand elles sont effectivement respectées par l’État, participent de l’existence d’un régime démocratique ou, au contraire quand elles sont bafouées, rendent manifeste le passage à un régime autoritaire. Déjà observons que ces derniers jours, des députés suffisamment nombreux –pour que nous soyons attentifs à leur prise de parole- ont lancé une alerte en ce qui concerne les atteintes portés à la liberté de culte. Faisons en sorte de la lire afin de nous faire une opinion formée et de pouvoir ensuite exercer notre devoir de vigilance, ceci pour que notre société soit fondée sur des bases solides et non sur le plus petit dénominateur commun. Ainsi serons-nous, une nouvelle fois et dans des circonstances historiques précises, « lumière du monde ».
Bien fraternellement à chacune et chacun.
Yves Noyer