De Pâques à Pentecôte

Un temps de maturation en vue de notre capacité à répondre à l’appel de Dieu

Bien que privés de nos temps en Église, nous pouvons poursuivre notre méditation et notre accueil de la Parole de Dieu et de l’Évangile du Christ Sauveur et Vivant, dans cette période si particulière que constituent les temps liturgiques de Pâques et de Pentecôte.

Aujourd’hui, je veux vous proposer de cheminer en cherchant à mieux comprendre ce qu’ils nous disent l’un et l’autre d’essentiel pour la foi chrétienne et donc pour notre foi personnelle et communautaire.

La fête de Pâques vient nous redire, année après année, la victoire de Dieu sur toutes les formes de morts et d’échecs : le Christ Jésus, qui a connu la mort de la croix, a été ressuscité par Dieu son Père : il n’est pas simplement revenu à la vie d’avant – c’est pour cela que les textes bibliques nous redisent qu’il gardait les marques de sa crucifixion, mais il a reçu de Dieu le don de la vie nouvelle. Mais parce que nous sommes concernés nous aussi par la résurrection du Christ crucifié, cet événement extraordinaire vient nous dire de la part de Dieu que nous n’avons pas à avoir peur de nos apparents échecs mais bien au contraire que nous pouvons croire que nous sommes toujours à nouveau re-suscités par Dieu, rendus capables de nous relever de nos chutes, de changer de comportements, jusque là trop caricaturaux, pour cheminer vers un comportement plus juste, c’est-à-dire plus adapté à une relation juste avec nos prochains, ceux dont nous acceptons de nous approcher avec amour.

Mais pour vivre cette expérience spirituelle et vitale, nous avons besoin de découvrir le sens que porte la fête de Pentecôte : elle vient nous rendre capables de comprendre notre vie comme étant pleinement transformée par la puissance du Saint-Esprit, non par un coup de baguette magique ni par un tour de passe-passe, mais bien plutôt par cet événement tout aussi incroyable que produit en nous cette puissance de Dieu œuvrant en notre esprit et notre cœur pour nous faire devenir les bénéficiaires de cette œuvre de renouveau ou de « nouvelle création » accomplie par le Christ et qui nous est communiquée par le Saint-Esprit. Celui-ci ne nous est pas donné pour que nous parlions des langues étranges mais bien plutôt pour que nous soyons rendus capables de devenir, par notre parole et notre vie, témoins du Christ, le témoin fidèle et le premier-né d’entre les morts.

Cela nous oblige ainsi à comprendre que décidément la Parole de Dieu ne se réduit pas à n’être qu’un message, intéressant pour la curiosité d’êtres humains ouverts à la découverte d’un sens à la vie, mais qu’elle est vraiment une parole agissante de Dieu et qu’elle vient en effet effectuer des transformations substantielles dans tout l’être humain qui peut alors devenir création nouvelle, en train d’être re-créée par Dieu, par l’œuvre du Saint-Esprit en chacun de nous. C’est dire que la foi selon l’Évangile est un cheminement de lente croissance vers une vie pleine, dans l’attente d’un accomplissement encore à venir, dans la plénitude de la paix.

Ainsi le Christ devient-il présent, depuis l’événement de l’Ascension, par le ministère de toute l’Église : comme le disait Dietrich Bonhoeffer, celle-ci est « le Christ existant en tant que communauté ». Elle l’est parce qu’il a plu au Christ de continuer à se manifester par le Saint-Esprit et par l’Église qui devient son corps visible sur terre, dans la faiblesse et le fragilité humaine, et pourtant de manière toujours paradoxale, dans la puissance et la gloire, par le Saint-Esprit. Voilà pourquoi l’Église dépend à la fois du Christ Jésus, dont elle est le corps, et du Saint-Esprit, dont elle est le temple, c’est-à-dire la demeure. Voilà aussi pourquoi dans la confession de foi, nous pouvons dire : je crois l’Église…

Pour cette nouvelle semaine, je vous souhaite bon courage ; prenez soin de vous et de tous vos proches ; priez les uns pour les autres, dans la communion fraternelle ; prenez du temps pour grandir dans la foi, l’espérance et l’amour, grâce à l’œuvre du Saint-Esprit en vous. Bien fraternellement à chacune et chacun.

Yves NOYER

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