Plutôt question que réponse

À partir du chapitre 2 du livre de Jérémie

Il y a une très bonne façon d’empêcher Dieu d’être présent : c’est de faire de sa présence autre chose qu’une promesse ! De prétendre en faire un fait objectif, qui n’est que pieuse auto-persuasion.
C’est à dire, le contenir dans une religion, dans une morale ou dans une émotion.
Cesser de se poser la question : où est Dieu ?
Cesser de le chercher. Et du même mouvement, l’empêcher de nous chercher.
Lui interdire d’être autre que ce qu’on croit.
C’est en croyant avoir trouvé Dieu qu’on le perd…Il y a une très bonne façon de tuer Jésus, c’est d’en faire un ressuscité. Je veux dire un ressuscité patenté, une donnée historique. C’est oublier que dans la Bible, le ressuscité est toujours autre que ce qu’on connaît de lui. C’est toujours celui qui vient, qui est à attendre, qui donne rendez-vous sur les chemins de l’existence.
Il y a une très bonne façon d’enterrer l’Évangile, c’est de le connaître tellement qu’il n’a plus rien de nouveau à dire. Lui interdire d’être une Nouvelle. Sûrement pas un scoop de nos journaux, puisque qu’il est déjà connu. Sûrement une nouveauté, puisqu’on en connaît déjà la chanson. Et encore moins cette narration romanesque, la nouvelle, qui mêle de près imagination et réalisme…
Y a-t-il de la place pour de l’inouï dans nos croyances ? Inouï, quelque chose qui n’ait jamais été entendu, parce que peut-être impossible à entendre…
Qu’entends-je ? Ce ne serait pas le moment, au creux de l’angoisse, de poser des questions. Parce qu’on aurait besoin de réponses, d’assurances, de confirmations, voire de mots d’ordre ! Et pourtant, au désert, dans la désolation de la famine, le peuple a été nourri d’une manne tombée du ciel. Manhou, en hébreu. Ce qui veut dire : c’est quoi, ça ? Dieu a nourri le peuple d’une question quotidienne.
La question met en route, là où la réponse clôt le chemin. Y a-t-il autre espérance que d’être en chemin ?

Didier Fievet

Contact