Quelqu’une me dit : « mais peut-on combattre sans être guerrier ? », faisant référence à la méditation d’hier (Quel est ton humus ?)
Bien sûr, le sens des mots a toujours quelque chose d’arbitraire. Mais, sans prétendre fixer la signification de chacun d’eux, pour moi les mots combat et guerre désignent des univers différents. La guerre est collective, nationale, mondiale. Elle mobilise, elle recrute, elle embrigade pour détruire un ennemi identifié. Le combat, lui, implique des individus, jusqu’à pouvoir devenir singulier. Le combat vise une victoire, pas un anéantissement. Le combat engage, là où la guerre enrôle. Visée et ressort diffèrent.Certains comprennent la vie comme une guerre entre le bien et le mal. Une guerre qui justifierait tout. Jusqu’à la disparition des combattants, qu’on appelle alors des héros. De n’avoir eu pas d’autre choix qu’entre champ d’honneur ou peloton d’exécution. Des saints, de n’avoir eu d’autre choix qu’entre enfer et paradis. Il y a dans la guerre une logique de déshumanisation totale. Marcher au pas, « ordre serré » pour oublier que chacun est singulier. La guerre est toujours totalitaire. Des chrétiens imaginent qu’il leur faut partir à la conquête du monde, dans une guerre sainte. Enfin… puante !
Et puis, il y a le combat. Le combat qui a pour ressort une responsabilité respectueuse, au service de l’humanité de l’humain. Là où la guerre a pour ressort une animalité de l’humain. Le combat ne vise ni héroïsme, ni sacrifice, ni anéantissement de l’ennemi. Là où la guerre vise la conquête, réduction de l’autre, désertion de soi.
La guerre vise la mort. Le combat vise la vie.
Didier Fievet