Lève-toi et marche !

D’après l’évangile selon Jean, chapitre 5, versets 2 à 9

Un paralysé se tient là, au bord d’une piscine réputée miraculeuse.
Veux-tu guérir ? lui demande Jésus.
Quelle question ! Évidemment ! Mais il n’y a personne pour me plonger dans la piscine, et à chaque fois que le bouillonnement bienfaisant affleure, il n’y a plus de place pour moi.
Eh bien, prends ta civière, lève-toi et marche !

On en est malade de ne pas évoluer dans la même piscine que les autres. La vie est blessée de se sentir marginalisée. « Tous ensemble, tous ensemble ! », maître-mot. Mot maître. Le salut passe par le bain de foule. Car on peut se sentir blessé à mort de se croire mis à l’écart. Plonge-moi dans la piscine commune, je te prie.
Mais, que veux-tu vraiment ? Être dans le « même bain » ou guérir de ta paralysie ?
Lève-toi, et marche ! Ce n’est pas la piscine qui guérit. C’est le désir de marcher quand il est restauré. Ce n’est pas non plus une question d’effort personnel. Tous ceux qui ne peuvent plus mettre un pied devant l’autre, parce qu’ils se sentent ou sont exclus, vous le diront.
Il suffit parfois d’une parole, pour que le désir renaisse. Nul ne sait laquelle. Il faut juste qu’un.e autre s’y risque.
Très souvent, dans les débats et conversations, on croit qu’avoir une pensée singulière (se lever et marcher) consiste à nager dans le sens opposé à l’autre. Orthodoxe contre libéraux, attestant contre non-attestants, adolescent contre parents… Funeste erreur, on reste tous dans la même piscine. Prisonniers d’un même bain, supposé miraculeux. De grâce, de l’air, de l’autre !
(D’après l’évangile selon Jean, chapitre 5, versets 2 à 9)

Didier Fievet

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