L’amour du Christ mène le monde à la réconciliation et à l’unité

Méditation sur le thème de l’Assemblée du Conseil Œcuménique des Églises

En ce lundi 11 mai, je vous invite avec moi à prendre en considération le thème qui a été choisi pour la prochaine Assemblée du Conseil Œcuménique des Églises qui se déroulera en septembre 2021 à Karlsruhe (en Allemagne), car il me semble répondre à l’urgence de la situation et à la mission de l’Église du Christ. Je vous l’ai indiqué dans le titre de ce message.

Tout d’abord, il est centré sur l’amour du Christ. Nous sommes invités à nouveau à en mesurer toute l’ampleur, tant dans le quotidien de sa vie, il a été capable d’en montrer concrètement la portée. En ce moment, j’achève la lecture du dernier livre du pasteur Daniel Bourguet : « l’humble divinité de Jésus selon l’évangile de Marc » ; outre le fait que je n’avais pas une trop grande considération pour cet évangile et que cette lecture m’a obligé à changer d’optique, j’ai été particulièrement touché par la mise en lumière de cette composante de l’amour du Christ qu’était sa capacité à compatir à la souffrance du prochain rencontré. La compassion n’est pas ainsi une notion péjorative mais une dimension constitutive de l’amour dans ses trois dimensions : paternelle, filiale et fraternelle.

Le deuxième élément qui me semble contenu dans ce thème est celui de la prise en considération de la terre entière, ce que la Bible nomme le monde ; ici aussi par ce cheminement œcuménique vécu en continuité depuis plus de 50 ans, j’y suis particulièrement attentif : la terre habitée fait l’objet, dans le cadre de la Bible (Ancien comme Nouveau Testament) d’une promesse qui prend d’autant plus d’importance au fur et à mesure du temps qui s’avance. De la parole dite à Abraham : « En toi, seront bénies toutes les nations » (Genèse 12, 3 ; 18, 18 ; 22, 18 ; 26, 4) à l’affirmation de l’apôtre Paul sur la création, en Christ, d’un seul homme nouveau, dans la personne du Juif et du païen enfin réconciliés (voir Éphésiens 2, 11 à 22), la Bible contient cette promesse d’une alliance qui pourra rapprocher tous les êtres humains, devenant bénéficiaires d’une même œuvre menant à la réconciliation et l’unité.

En ce temps où nous avons pris de nouveau conscience de l’importance de la solidarité, en renonçant à toute forme d’égoïsme et d’individualisme au profit d’une articulation entre la légitimité de la personne humaine et la non moins indispensable affirmation concernant son appartenance à une famille humaine unie par le don du Christ ainsi que celui du Saint-Esprit, nous avons une nouvelle occasion de rendre compte de l’espérance qui nous anime et qui se fonde en Jésus, notre paix (Ephésiens 2, 14). En lui, la paix entre les humains a une portée mondiale parce qu’elle correspond à la volonté de Dieu son Père. Dans notre situation de pandémie universelle, cela veut dire que nous sommes appelés à contribuer à apporter à cette situation tragique une réponse universelle dans la solidarité et la communion concrète avec les plus petits d’entre nos frères et sœurs en humanité. Et ceci contribuera à concrètement rendre plus manifeste notre espérance qui est en Dieu.

Mais il est un dernier point qui me semble devoir être mis en lumière : cette solidarité active rendra elle-même un témoignage clair à l’œuvre de réconciliation et d’unité accomplie par le Christ et à nous communiquée par le Saint-Esprit. Oui, malgré nos perceptions trop souvent à courtes vues, nous pouvons croire que « l’amour du Christ mène le monde à la réconciliation et à l’unité. ».

Même dans cette période de confinement, nous pouvons vivre la solidarité avec d’autres êtres humains, en particulier avec les plus petits d’entre nos frères (voir Matthieu 25, 31 à 45)

C’est avec cette conviction que je vous adresse mes salutations fraternelles.

Yves Noyer

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