Dans l’évangile de Jean, il y a un fameux passage où une femme samaritaine rencontre Jésus, autour d’un puits. Un puits, un trou dans la terre où elle vient puiser de l’eau.
Un puits, un trou avec des mots autour, car quelqu’un va lui parler. Faire jaillir en elle une autre soif, soif d’autre chose. Une soif de mots, qui la retient autour du puits. Elle était venue chercher quelque chose de vital, de l’eau. Elle va repartir avec des mots échangés autour du puits de la parole. Pas de quoi remplir une cruche. Et pourtant, ces mots autour du puits, ces mots autour d’un trou dans la terre, ces mots autour de sa soif vont changer sa vie. Comme un droit à exister, quelle que soit son histoire.Elle repart avec une parole qui ne dit rien : « je le suis moi qui te parle ».
Ce n’est pas quelque chose, ce n’est pas un contenu religieux ou moral. C’est juste quelqu’un qui lui dit : « je suis celui qui te parle ». Je suis là, j’habite mes mots, pour toi. J’habite ces mots autour du puits. J’habite ces mots qui tapissent le vide en toi, et je leur donne vie.
Vous est-il arrivé de vous demander avec quels mots Dieu se parlait à lui-même ?
Le Dieu des chrétiens ne parle jamais le monologue. Il ne parle que le dialogue. Dieu ne préexiste pas à l’événement de la parole, il est mis au monde par la parole.
Toute parole humaine peut devenir parole de Dieu, quand elle résonne pour quelqu’un de façon inouïe, quand elle ouvre une brèche sur le mur des mots morts, les mots qui ne sont habités par personne.
Didier Fievet