Dieu n’était ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, ni dans le souffle tempétueux. Dieu se tenait en retrait, dans le bruissement d’un silence subtil…
Comme Élie, nous sommes confinés au fond d’une grotte obscure. Même pas le goût de manger ! Fermer les yeux, faire le noir et disparaître tout au fond. Comme pour faire disparaître le décor,
comme pour reléguer la réalité dans le monde des cauchemars que l’on oublie au réveil…
Une voix s’élève : quelqu’un va venir. Quelqu’Un.
Qui va paraître tel qu’on ne l’aurait jamais imaginé. Dans le bruissement d’un silence subtil…
La tentation est forte pour les « croyants » d’en appeler à Dieu. Enfin, d’en appeler au Dieu qu’ils imaginent. Qu’ils parent de tous les adjectifs divins : fort, tout-puissant, triomphant, roi soleil… Quand ce ne sont : juge, justicier… accusateur : repentez-vous ! Sous-entendu : si vous en êtes là, vous l’avez bien mérité. À force d’abandonner le monde au pouvoir des marchés, d’avoir justifié les esclavages modernes au nom du profit, d’avoir ployé le genou devant la technologie (en vous abritant derrière ses bienfaits, dont ce mail !) Tout cela est vrai, bien sûr. Il est vrai que, dans l’illusion d’une croissance illimitée, nous avons nargué la force de la nature. Un petit virus de rien du tout -du matériel génétique incapable de se reproduire lui-même- a joué la même stratégie envahissante. Et, marché contre nature (vous avez dit « marché contre-nature », « marchez contre nature ») la guerre est ouverte. Sans autre intervention, la nature pourrait bien gagner. Peut-être est-ce une des leçons dont le Président Macron a dit qu’il les avait entendues. On verra.
Mais, Dieu n’était ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, ni dans le souffle tempétueux. Dieu n’était pas dans ces coups de semonces de la nature, dans cette mise en accusation que
l’histoire nous inflige.
Dieu se tient en retrait, dans le bruissement d’un silence subtil…
Comme un souffle léger.
Dieu se tient dans une absence qui nous donne de l’espace. Un souffle renouvelé, un appel à la vie. Un champ des possibles nous est donné, ouvert qui dépasse l’étroitesse des accusations et
des culpabilités.
Au creux de la grotte de nos angoisses, une parole s’élève -celle dont cette méditation entend se faire l’écho- qui en appelle à l’à-venir. Demain n’est pas déjà écrit, contenu dans les fautes d’hier.
Demain est à écrire. Librement. C’est-à-dire libérés des dieux qui nous écrasent, ceux que nous nous faisons, à la mesure de notre mauvaise conscience.
Demain est à écrire, rendus libres pour accueillir la vie qui vient.
Fragile. Humaine. Mais tellement aimée !
Pasteur Didier Fievet