Ma dernière méditation, entre guerre et combat, m’a valu plusieurs réactions. Notamment de celles et ceux qui ont été enseignés à se comprendre comme « soldats du Christ ». Il est vrai que dans la Bible fleurit, ici ou là, un langage guerrier. Sans parler des « saintes cohortes », cantique d’un autre temps mais qui semble avoir laissé des traces !
Quelle vision de la vie que celle qui l’apparente à une guerre ? Bien sûr, l’humain a dû affronter un milieu souvent hostile, apprendre à l’apprivoiser, à s’y insérer. Et bien sûr, cette insertion consiste à s’inscrire dans les mécaniques naturelles, qui sont guerrières. Mais serait-ce la vie que nous voudrions léguer à nos enfants, cette vie belliqueuse ? La vie humaine, en tant qu’elle est humaine, n’est peut-être pas un combat, mais un accueil. Même à l’égard de la nature : habiter la terre comme humain, c’est accueillir les subtilités de ses équilibres. On ne s’en aperçoit que trop cruellement en ces temps de crise écologique.Vivre, vivre d’humanité, c’est peut-être avant tout accueillir. Accueillir mon identité. Accueillir l’autre. M’accueillir moi-même, accueillir le monde. Accueillir l’amour donné.
Serait-ce donc un combat ? Peut-être… dans un monde qui professe que la confiance, l’amour, l’estime, la dignité doivent se conquérir. Mais à ce combat, on est toujours perdant, prisonnier entre une obligation écrasante et un monde sans merci.
Il serait un autre combat, consistant à renverser la peur en confiance, la guerre en paix ?
Sur une arête vive, entre amour et haine de soi. Au risque d’une violence qui se cache jusque dans les replis du manteau de la non-violence : la persécution devient-elle plus légitime d’être retournée contre soi ? Pourquoi cette constante référence au combat ? La soif de gloire est donc si forte qu’elle nous appelle de chaque côté de l’arête ?
Pour qui est chrétien, pourquoi donc mener un combat que le Christ a mené et remporté pour tous les humains ?
(Petits versets qui ont inspiré cette réflexion : « bienheureux les artisans de paix » ; « n’allez pas croire que je suis venu apporter la paix, mais le glaive » ; « aimez même vos ennemis » ; « alliance en mon sang versé pour la multitude » ; chacun d’entre eux exige d’être replacé dans son contexte, et mérite un détour…)
Didier Fievet